Un soir imprégné de confidences
Elle vint soudain briser le silence
Quand ses mots dégoulinants de sens
Dégagèrent une étrange puissance
Sa voix pénétrée de sentiments
Enveloppa la nuit lentement
Son regard vissé sur le volant
Trahit l’ampleur de son égarement
Si tu savais
Comme je regrette ce que je n’ai pas fait
D’avoir laissé
Défiler ma vie sans la regarder
J’ai tant marché
Accablée du poids de mes préjugés
Je n’ai cessé
De chercher le bonheur qu’il me fallait
Et finalement
Je suis passée à côté
Si tu savais…
J’ai essayé
En m’échappant de combler le retard
Persuadée
De pouvoir trouver mieux, ne faire qu’y croire
Et à présent
Désormais, il est trop tard
A toujours croire que le meilleur est à venir
Ne profiter de rien, au final se détruire
Je t’en supplie
Ne commets pas les mêmes idioties
Et je t’en prie
Ne passe pas à côté de ta vie
D’une douce inflexion modérée
Son aveu monta pour me toucher
Quand sa pudeur soudain envolée
Laissa filtrer ses profonds regrets
Elle dit ne pas avoir regardé
Pas su voir tout ce qui l’entourait
Confessa ne pas s’être arrêtée
Et avoir toujours abandonné
Si j’avais su
Laisser une chance à ces inconnus
Si j’avais lu
Quelques secondes dans leurs regards émus
J’aurais su faire
La part des choses et les choix qu’il fallait
Au lieu de taire
Enterrer le bonheur qui s’annonçait
Car au final
Je suis passée à côté
Si j’avais su…
J’aurais compris
Qu’il faut savoir cesser de réfléchir
Car dans la vie
En arrière on ne peut pas revenir
Je t’en supplie
Ne commets pas mes erreurs
A se persuader d’avancer mais attendre
Convaincu de tout consommer mais ne rien prendre
Je t’en supplie
Ne loupe pas le virage
On n’a qu’une vie
Ne rature pas les pages
Car un beau jour
Tu te retrouveras comme moi éreintée
Fatiguée, te retourneras pour regretter
D’être passée à côté
De ta vie sans regarder
Lucie Lith, 2002

Photo de Alexander Grey sur Unsplash
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