J’avais compris que la terre était juste à nos pieds. Qu’elle s’offrait sans retenue et qu’il était très facile d’en profiter. Tout le monde y avait accès et il y avait tant à recevoir si l’on en prenait un peu soin. Mais les plus grands jouaient avec depuis tant d’années. Ils lui donnaient des coups de pieds en rigolant, comme dans un ballon de foot. Ils ne voulaient pas comprendre que c’était un trésor à préserver. Et sans vergogne, ils en abusaient. Je voulais les en empêcher mais ils étaient plus grands que moi et bien plus forts. Ils me bousculaient et me piétinaient avec elle. Car au bout du compte, c’était moi qui en hériterais une fois qu’ils seraient tous morts. Et comment allais-je faire pour tout réparer ? Je n’aurais plus rien. Et pourtant, je n’avais pas envie de pleurer. Je voulais juste la tenir encore un peu entre mes mains. L’admirer, la cajoler, lui dire que je l’aimais ma terre, que j’étais désolé de tout ce que les Hommes lui faisaient subir depuis tant d’années et que j’essaierais, oui j’essaierais désespérément de ne pas faire pareil pour la sauver.
Lucie Lith, 2019
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